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Vivre en Matriarchie

Une alternative crédible, viable et éprouvée

Occulté depuis des siècles, il existe pourtant bel et bien cet autre système civilisé qui pourrait nous épargner les désastres annoncés par l'effondrement de notre civilisation. Il s’agit de la matriarchie. Vivre en matriarchie pourra nous permettre d’éviter ces catastrophes. Les recherches modernes sur les matriarchies, menées par exemple par la philosophe Heide Göttner-Abendroth1 ont permis de clarifier ce dont il s’agit concrètement. Et les résultats de ces recherches sont véritablement inspirants et encourageants.

Le point de vue matriarchiste

Bien sûr, ces travaux et ce nouveau paradigme sont encore largement ignorés et dénigrés. Il existe même une croyance assez répandue que le Québec par exemple, vivrait déjà depuis longtemps dans une forme de matriarcat familial2 . Cela explique d’ailleurs pourquoi nous préférons utiliser l’expression « matriarchie ». Le supposé matriarcat familial québécois qu’évoquent certains, même s’il existait réellement, a très peu à voir avec le système politique, social et économique équilibré que l’on retrouve dans les matriarchies.

Une évolution fulgurante

La situation des femmes en Occident a connu une évolution fulgurante au cours du dernier siècle. En quelques décennies à peine le Québec notamment, est passé de figure emblématique d’une patriarchie catholique particulièrement oppressante pour les femmes, à un des endroits au monde où l’émancipation des femmes est enviée3 .

D’un point de vue « matriarchiste », on pourrait ainsi résumer la situation actuelle en disant que : les femmes occidentales ont déjà amplement démontré qu’elles pourraient éventuellement parvenir à être l’égal des hommes, dans ce monde qui a été conçu et pensé pour et par des hommes.

Nous vivons en patriarchie

En fait, malgré tous les gains réalisés pour parvenir à une certaine forme d’égalité entre hommes et femmes en occident, nous vivons toujours au sein de sociétés fondamentalement patriarchistes. Nous préférons également utiliser le terme patriarchie, plutôt que patriarcat, pour décrire la civilisation dans laquelle nous vivons. Les mots matriarcat et patriarcat sont trop généralement associés avec les rôles des pères et des mères de familles. Nous ne pouvons plus nous permettre de jouer les pantins dans cette stratégie tellement efficace et habile de nous diviser pour mieux laisser régner la classe dominante. Dans une matriarchie, il n'est donc absolument pas question de vouloir opposer les pères de familles aux mères de familles, et par extension les hommes aux femmes. Cette "guerre" des sexes est absurde et ne mène nulle part.

La patriarchie et la matriarchie ne se limitent pas aux familles

La patriarchie et la matriarchie sont des systèmes qui ne se limitent pas au fonctionnement des familles, bien que les familles y jouent des rôles extrêmement importants dans les deux cas. Ce sont deux types de civilisation distincts. Chacun a développé des systèmes politique et économique fondés sur des visions du monde visant des objectifs fondamentalement différents. La patriarchie établit par la force des rapports de dominations en divisant la population en classes plus ou moins hermétiques qui forment une pyramide. Alors que la matriarchie base l'organisation de la société sur le rôle central joué par les mères dans le cycle de la vie.

Cependant, il faut garder en tête que les civilisations humaines sont extrêmement complexes. Aucune patriarchie ni aucune matriarchie pure ou totale n'a jamais existé. Et souhaitons qu'aucune n'existe jamais. L'objectif du Parti matriarchiste est de démontrer que des solutions radicales mais éprouvées, existent bel et bien afin de sortir notre monde de l'impasse dans laquelle il se trouve. Notre objectif n'est pas d'imposer un point de vue aux autres. Il s'agit plutôt de reconnaître que notre mode de vie est organisé et conditionné sur des bases qui sont en train de nous mener à notre perte. Et que des modifications profondes de nos règles collectives de fonctionnement rétabliront l'espoir de jours meilleurs, pour notre collectivité et les générations à venir.

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La mère est à l'origine du cycle de la vie

La famille qui existe avant tout pour chacun et chacune d'entre nous est d'abord celle qui nous lie à notre mère. C'est ce que reconnait simplement la matriarchie en identifiant la mère comme celle qui investit tout son être dans l'origine du cycle de la vie. Le rôle très important du spermatozoïde dans le processus de création de la vie humaine se compare à celui de l'ovocyte. À ce stade, le père et la mère sont au même niveau. Ce qui distingue la mère ensuite, c'est de mettre plusieurs aspects de sa vie en jeu pendant la grossesse et l'accouchement. Généralement, les mères s'investissent encore beaucoup dans les premières années des nouveaux-nés, en allaitant par exemple. Il s'agit d'une contribution inestimable des mères au maintien de la société humaine.

Dieu le père serait la mère du monde?

La patriarchie oppose à cette évidence un père tout-puissant qui serait « la mère du monde »4 , le fondement de nos religions monothéistes. Le mot patriarchie réfère ainsi au sens d'origine ou de fondement du suffixe grec arkhe, tout en insistant sur son autre sens de pouvoir dominant. Ce sont les patriarches, ou les pères de la nation, qui tiennent ce rôle. D'abord bien sûr au sein des religions, en maintenant cette croyance du dieu créateur tout-puissant profondément et fermement ancrée dans l'esprit des citoyennes et des citoyens.

Et malgré des efforts qui semblent généralement convaincants pour séparer les structures religieuses et politiques en occident, cette croyance se retrouve quand même explicitement inscrite dans le préambule de la Charte canadienne des droits et libertés de la Loi constitutionnelle de 1982.5 . Sans oublier l'omniprésence de dieu dans une multitude de slogans américains, à commencer par le "In God We Trust" que l'on retrouve sur tous les billets de banque des États-Unis d'Amérique. Et malgré les origines laïques de sa constitution, "la politique américaine reste imbue de religiosité"6 .

Maintenir l'ordre établi par la force

La première étape de l'établissement d'une patriarchie est la conquête d'un territoire et la soumission de son peuple par la force. Au niveau politique, les patriarches maintiennent ensuite un système où les peuples sont divisés en une hiérarchie de plusieurs niveaux de pouvoirs de décision. Ces pouvoirs sont détenus par une minorité désignée ou élue. Cette organisation est contrôlée par des forces armées chargées de maintenir l'ordre. L'ordre étant celui établi par les patriarches eux-mêmes, originalement presqu'exclusivement des hommes, dans leur intérêt et non dans celui du peuple7 .

La propriété privée: d'abord un vol

Au niveau économique, les patriarches ont instauré le concept de propriété privée, sur laquelle est basée notre économie. Cette expression provient du verbe priver, issu lui-même du latin privare qui signifie enlever à d'autres ce qu'ils ont, ou leur enlever le droit d'y accéder. À l'origine, c'est donc essentiellement un vol. On a enlevé aux autres la possibilité d'accéder à un territoire qu'il pouvaient parcourir librement auparavant. En Amérique du nord et particulièrement au Canada, malgré toutes les acrobaties des administrations coloniales pour camoufler cette réalité, il est bien difficile de voir autrement ce qui est arrivé aux premières nations.8

La mondialisation vise à privatiser le monde, c'est-à-dire le voler aux autres

L'économie patriarchiste vise à maintenir ou à améliorer la position privilégiée de la classe dominante. Cela se fait le plus souvent au détriment des classes inférieures. En occident, le système économique mis en place pour jouer ce rôle est le capitalisme. Il ajoute à la notion de propriété privée celle de liberté du marché. L’accumulation de la propriété privée et de la richesse par la classe dominante a connu une croissance ininterrompue au cours des derniers siècles. Depuis les années 1980, l’idéologie « néo-libérale » avec son arme ultime de « mondialisation » des marchés s’est attaquée à la « colonisation du globe »9 .

L’écart entre les riches et les pauvres n’a jamais été aussi grand. L’équilibre écologique de notre monde n’a jamais été aussi précaire. La Terre elle-même est la cible de menaces nucléaires et climatiques d’ampleur planétaire. Tout cela est une conséquence directe de la civilisation patriarchiste qui a pris le contrôle de notre monde.

La famille patriarchiste est basée sur le couple éternel

L'existence d'un père tout-puissant qui serait en même temps la mère du monde, ne correspond absolument à rien de ce que l'on retrouve sur Terre. Pour nous permettre d'y croire, les patriarches de nos religions ont imaginé un « autre monde » , où bien d'autres choses aussi seraient possibles. Une de ces choses particulièrement attrayantes est cette idée d'une vie éternelle qui se poursuivrait dans cet au-delà, après la mort. Fortes du succès de cette idée, nos religions ont décidé de l'étendre aussi à l'organisation de la famille. Tout à coup, grâce au « mariage » , l'union du couple de parents devait être « éternelle » , elle aussi. En fait, durer au moins jusqu'à la mort de l'un des membres du couple10 .

Encore aujourd'hui au Québec par exemple, la mort est la seule situation qui entraîne automatiquement la fin du mariage. La seule autre possibilité de terminer un mariage est le divorce. Et celui-ci doit être approuvé par une ou un juge, sur la base de seulement 3 motifs possibles11 . Un de ces motifs est l'adultère commis par l'un des époux (infidélité). Le mariage a comme assise fondamentale la monogamie, soit l'exclusivité sexuelle des partenaires. Le point de vue patriarchiste se retrouve aussi de façon on ne peut plus claire dans l'étymologie du mot mariage, c'est-à-dire qu'il s'agit de la famille du mari.12

Le mariage assure la croissance de la richesse de la classe dominante

L'objectif manifeste étant de faire croître ce modèle de la propriété privée en aidant par exemple, les couples mariés à s'établir sur un petit lopin d'une terre conquise, dont on leur en attribue la propriété privée légalement. En disséminant les nouvelles familles sur le territoire, on entraînait ainsi son exploitation sur une plus grande échelle, à chaque génération. C'est une façon très efficace de supporter la colonisation.13 Les patriarches de l'économie étaient ravis de cette nouvelle façon de voir la famille. Elle leur permettait d'augmenter leur richesse encore plus rapidement.

Les couples ne sont pas plus éternels que la vie

Bien sûr, les couples sont encore bien moins éternels que la vie. Libérée de l'hégémonie religieuse, notre civilisation occidentale assiste aujourd'hui au démentèlement douloureux et chaotique de ses familles14 , censées durer au moins toute la vie des parents. Ce qui est tout à fait étonnant, c'est que très rares sont les personnes qui osent remettre en question ce modèle de la famille, ou même simplement cette croyance du couple éternel de parents.

Peut-on affirmer que l'être humain est « naturellement » monogame?

Le mariage religieux a institutionalisé la monogamie, le mariage unique15 . Il s'en est suivi un très fort courant d'idées tentant de prouver que la monogamie humaine est « naturelle ». C'est-à-dire telle que l'on pourrait la retrouver dans le monde animal16 . Il est toutefois bien difficile de retrouver un consensus sur la définition de la monogamie animale. Car chez les animaux, rien ne se compare à ce qu'ont institutionalisé les humains avec le mariage religieux. Bien qu'on en retrouve des définitions assez larges, on entend généralement par monogamie animale le fait de conserver le même partenaire à tout le moins pendant la période de croissance de sa progéniture. Même en s'en tenant à cette définition laxiste, la monogamie humaine institutionalisée se justifie encore moins aujourd'hui. De nos jours, plus les membres des sociétés humaines sont libres, moins la monogamie est fréquente. C'est-à-dire que la durée des couples de parents est de plus en plus courte. Et a ainsi de moins en moins rapport avec la croissance de leur progéniture. L'être humain n'est donc manifestement pas naturellement monogame.

Pourtant, celle-ci retrouve encore un écho dans le monde scientifique, qui persiste à vouloir utiliser ce terme. Devant l'invraisemblance manifeste de ce postulat, on va jusqu'à qualifier le mode de reproduction des humains de « monogamie séquentielle »17 ou « sérielle ».

Cette formulation est bien proche de l'oxymore. En effet, le préfixe mono veut clairement dire « un seul ». On se demande comment il est possible de continuer de parler de monogamie humaine aujourd'hui, quand la séquence entre les rapports sexuels avec des partenaires différents se compte parfois en minutes ou en heures.

C'est comme si la communauté scientifique occidentale était incapable de voir la famille autrement que du point de vue du couple de parents18 . Essaie-t-on de nous faire croire qu'en ces milliers d'années de civilisations humaines, aucune n'aurait implanté avec succès un autre mode de vie familiale que la monogamie?

L'objectif ultime de la patriarchie est un monde sans mère

La faillite de la famille nucléaire patriarchiste est une évidence quand on observe la diminution progressive de la durée des couples de parents. Mais l'emprise de ce modèle demeure un fondement de la patriarchie encore aujourd'hui. Toutefois, le mariage n’est qu’une étape intermédiaire vers son objectif ultime de prise de contrôle de l’ordre naturel de la maternité, en devenant le seul créateur de la vie humaine. Les technologies d'assistance à la procréation se sont développées à un rythme phénoménal, particulièrement au cours du dernier demi-siècle. On se rapproche de plus en plus de l'instant ultime visé par la patriarchie. Celui où l'Homme (l’humanité du point de vue masculin) deviendra réellement le créateur de la vie, presque sans aide naturelle. Car on compte quand même à la base sur le spermatozoïde et l’ovocyte pour réaliser cet « exploit »19 . Lorsque cet objectif sera atteint, le mariage et le modèle nucléaire de la famille ne seront plus d'aucune utilité pour la patriarchie. Mais nous n'en sommes pas encore là. Et surtout, est-ce vraiment le chemin que nous désirons prendre pour « sauver » l’humanité?

Remplacer la patriarchie par une matriarchie

La patriarchie dans laquelle nous vivons repose donc sur quatre axes fondateurs:

  • La conquête d'un territoire et le contrôle par la force d'un ordre établi et décidé originalement par une classe dominante;
  • La croyance en un dieu patriarche tout-puissant, à l'origine de tout et contrôlant tout;
  • Une économie basée sur la propriété privée et sur la croissance d'un libre marché, au bénéfice d'une classe dominante;
  • Une organisation sociale regroupant des familles fondées sur l'union immuable d'un couple de parents.

Si c'est à cela que ressemble la patriarchie dans la laquelle nous vivons, à quoi pourrait ressembler une matriarchie? C'est précisément à cette question que nous tentons de répondre dans ce manifeste. Si nous proposons de remplacer notre patriarchie par une matriarchie, c'est que nous croyons que la vie en matriachie permettra de résoudre adéquatement plusieurs des problèmes fondamentaux auquels notre civilisation fait face.

Le mythe d'une matriarchie dominée par les femmes

D'abord dans une matriarchie, le monde n’est pas conçu pour et par des femmes. C’est le premier mythe qu’il est essentiel de déboulonner. Et qui est à l’origine de beaucoup de confusion. L’étymologie du mot comprend le préfixe latin « Mater » (la mère) et le suffixe grec « Arkhè », tous les deux biens connus. Mais « Arkhè » n’est pas utilisé ici dans le sens de commandement, de pouvoir dominant ou d’autorité. Il s’agit plutôt de « Arkhè » dans son sens plus élargi d’origine ou de fondement.20

La matriarchie est ainsi une société qui reconnaît les mères comme en étant la base, l’élément fondateur et central. Il ne s’agit pas du tout d’une société qui serait « dominée » par les mères. La recherche conventionnelle s’est ainsi appliquée à chercher une civilisation où les mères, et par extension les femmes, se seraient retrouvées en position dominante par rapport aux hommes. L’existence de ce genre de matriarchie est effectivement difficile à démontrer.

Par contre, l’existence de civilisations où les mères jouent un rôle central (pas seulement limité à la sphère familiale) est très bien documentée. Dans ces sociétés, les hommes conservent le plus souvent un rôle politique important. C'est une des raisons souvent évoquées pour s'opposer à l'idée d'appeler ces sociétés des matriarchies. En fait, cela démontre simplement qu'il s'agit de sociétés en équilibre21 . Le fait de leur donner le statut de matriarchie, nous permet de les considérer comme un autre système politique, social et économique bien organisé. Nous nous en sommes inspirés pour la rédaction de ce manifeste.

Des matriarchies inspirantes

Ici même dans le passé

Prenons d’abord une des plus célèbres matriarchies, celle des iroquois. La constitution de la confédération iroquoise a été minutieusement retranscrite par les fondateurs des États-Unis, afin de pouvoir s’en inspirer22 . L’article 44 est sans ambiguïté quant au rôle central donné aux mères :

44. La descendance du peuple des Cinq nations se fera par la lignée maternelle. Les femmes sont les progénitrices de la nation. Elles sont propriétaires de la terre et du sol. Les hommes et les femmes ont un statut inférieur à celui de mère. (traduction libre) 23

Au fond, il est regrettable que l’organisation sociale équilibrée des iroquois n’ait pas traversé les barrières de la culture et du temps, si près de nous. Au cours de leur histoire en effet, les communautés françaises d'amérique se sont souvent rapprochées des nations amérindiennes. Le métissage de ces deux cultures a fait partie d’une réalité bien concrète il n’y a pas si longtemps. Par exemple, les origines francophones de la nation Métis sont indéniables. Et plusieurs francophones d'Amérique du nord mentionnent avec fierté avoir du sang « indien » qui coule dans leurs veines!

Les matriarchies étaient fréquentes parmi les sociétés autochtones d’Amérique du Nord. Les travaux visant à rétablir leur statut de matriarchies authentiques sont une source précieuse d’inspiration pour aider à établir des matriarchies modernes en Occident. Barbara Alice Mann, fière descendante de la matriarchie iroquoise, est une des figures de proues de ce mouvement. Ses travaux ont par exemple permis de dater à l’an 1142, l’établissement de la confédération iroquoise. Cela situe la confédération iroquoise parmi les plus anciennes démocraties encore vivantes, avec les cantons de Suisse et le gouvernement de l’Islande24 . Mais qualifier la nation iroquoise de démocratie est certainement discutable. Sans contredire directement cette affirmation, Barbara Alice Mann évalue que l’idée de répartir également le pouvoir politique à toute la population est « une recette pour le désastre » 25 . Nous proposons d’ailleurs un nouveau système politique plus conforme à ce que nous inspirent les matriarchies : l'Aviacratie. C'est-à-dire un droit de vote exclusif aux grands-mères.

Des matriarchies qui existent toujours ailleurs aujourd'hui

Une définition plus réaliste des matriarchies permet également de considérer plusieurs matriarchies qui existent toujours aujourd’hui, comme celle des Moso (aussi connus comme les Mosuo), des Khasi et des Minangkabau, en Asie. Ces deux dernières sociétés regroupent des populations qui se comptent par millions. Les Moso ont été choisis en tant que communauté modèle par l’Institut international du développement durable (IIDD ou IISD en anglais), dans le cadre du cinquantenaire de l’ONU, en 1995.
Le comité responsable du choix des 50 communautés modèles était coprésidé par Pierre-Marc Jonhson26 . Dans son communiqué, l’IIDD indique que l’organisation matriarcale des Moso leur a permis de maintenir une répartition équitable de la richesse et des ressources depuis 2000 ans27 . L’IIDD indique aussi clairement que le choix des Moso en tant que communauté modèle vise à inspirer des changements ailleurs dans le monde.

Contrairement à ce que croient encore plusieurs membres de la communauté scientifique, il faut donc considérer ces sociétés comme des exemples desquels nous pouvons tirer de grandes leçons. Il y a effectivement là de quoi s’inspirer grandement, nous qui sommes bien loin de pouvoir se qualifier de modèle d’équité, au niveau de la répartition de la richesse et des ressources.

Une forme de civilisation qui peut durer infiniment

Plus globalement, les matriarchies sont des civilisations qui reposent sur un modèle en forme de cycle, inspiré par la vie naturelle. Les mères sont identifiées comme en étant l’origine et on leur voue le plus grand respect. Les habiletés naturelles liées à la maternité sont aussi célébrées. On y réserve pour les mères des rôles fondamentaux dans l’organisation et le fonctionnement de ces sociétés. En s’assurant que les instances décisionnelles soient toujours soumises à la règle du consensus, on prévient les situations où un groupe pourrait se constituer en position dominante.

Nous avons ainsi devant nous une alternative crédible, viable et éprouvée à opposer à notre démocratie patriarcale capitaliste en délire. Les matriarchies basées sur des cycles plutôt que sur la pyramide de croissance de la patriarchie, offrent l’avantage fondamental de pouvoir durer pratiquement indéfiniment.

Références

1 « … la société matriarcale n'est pas une utopie abstraite, contrairement à des projets de société purement philosophiques. De telles utopies ne se sont jamais traduites concrètement dans l'histoire de l'humanité. Au contraire, la société matriarcale est une expérience concrète, vécue pendant les périodes les plus longues de l'histoire des civilisations [...]. Ses règles montrent comment peut s'organiser une vie commune, suivant les besoins, en paix, sans violence, c'est à dire tout simplement humainement. » (p. 6)
Heide Göettner-Abendroth, La recherche moderne sur le matriarcat : Définitions, perspectives, actualité
Matriarchiv.info, 2008(?)
2 « Dans notre matriarcat, la mère est tour à tour castratrice et complaisante. Elle pratique le chantage affectif, manie jusqu’à la perversion la culpabilité en jouant entre autres à la victime. La mère est forte et ne se prive pas d’envelopper son petit garçon de son amour étouffant. » Bombardier, Denise, Le Québec : un matriarcat
Le Journal de Montréal, 7 mai 2018 (visité le 10 mai 2019)
4 « La patriarchie a inventé un « Dieu-le-Père » ou une « religion-du-mâle-créateur » sur la base du « grand guerrier », du conquérant, du maître, ou du « grand homme » (Godelier 1987), qui était considéré capable de donner la vie et autorisé à la prendre. La Déesse Mère a été remplacée par l'idée et l’idéologie d'un Dieu unique, omnipotent, violent et jaloux, une "mère-père" patriarcale abstraite. » (traduction libre)
Texte original : « Patriarchy invented a “God-Father” or “male creator-religion” based on the “great warrior,” plunderer, proprietor, or “big man” (Godelier 1987), who was considered able to give life and was legitimized to take it. The Great Mother or Goddess was replaced by the idea and the ideology of an omnipotent, violent, and jealous single God, an abstract patriarchal “mother-father.” »(p. 2)
CAPITALIST PATRIARCHY AND THE NEGATION OF MATRIARCHY THE STRUGGLE FOR A “DEEP” ALTERNATIVE
Claudia von Werlhof, Vaughan, Genevieve (ed.): Women and the Gift Economy. A Radically Different World View is Possible, Toronto 2007 (Inanna), pp. 139-153
5 « Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit : »
Loi constitutionnelle de 1982 (visité le 9 avril 2016)
Site web de la législation (Justice Canada)
6 « Il peut paraître paradoxal de parler de laïcité américaine, alors que la politique américaine reste imbue de religiosité. Les devises religieuses abondent : In God We Trust, One Nation Under God, God Bless America. Après chaque élection, une nouvelle fournée d’élus prête serment sur la Bible. Les séances du Congrès sont inaugurées par des prières récitées par un chapelain en titre. »
Denis Lacorne, Une laïcité à l'américaine
Études, 2008/10 Tome 409
(visité le 10 mai 2019)
7 « ...on aime moins admettre que nous vivons, en réalité, sous le règne d’une monarchie élue appuyée par sa cour, l’aristocratie élue. Pourtant, les parlements ont été inventés par les rois au Moyen Age pour convoquer les grands du royaume et leur demander de l’aide afin de lever de nouveaux impôts. La noblesse de robe a remplacé la noblesse d’épée et l’élection a remplacé l’hérédité, mais ce n’est pas une démocratie pour autant »
Entretien: Francis Dupuis-Déri, Démocratie: l’histoire d’un mot
L'inactuelle, 15 avril 2019 (visité le 10 mai 2019)
8 « Avec créativité et passion, le mouvement Idle No More a mis en évidence les dynamiques abusives présentes de longue date entre les gouvernements canadiens successifs et les peuples autochtones. Il a fait la lumière sur des années de malhonnêteté, de racisme et de vol pur et simple. »
Idle No More
Daniel Chapdelaine, À babord (visité le 9 avril 2016)
9 « ces « réformes » rétablissent les modèles coloniaux, font obstacle à toute planification nationale et à toute véritable démocratie, tout en mettant en place les structures d’un monde d’inégalité croissante dans lequel la vaste majorité est vouée à la souffrance et au désespoir pour servir les intérêts d’un très petit nombre de privilégiés et de puissants » (quatrième de couverture)
Noam Chomsky à propos du livre Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial de Michel Chossudovsky,
Écosociété, 1998.
10 « Ce fut un combat de tous les instants pour les prêtres chrétiens, encore jusqu’au Xe ou XIe siècle : il s’agissait de convaincre la population et surtout les chefs occidentaux qu’il ne fallait plus changer d’épouse mais au contraire la garder pour toute une vie. »
Catherine Kikuchi,Les liens sacrés du mariage
Actuel Moyen Âge, 20 octobre 2016
(visité le 10 mai 2019)
11 « Le mariage prend fin par le décès de l'un des époux ou par le divorce. Pour divorcer, il faut que l'échec du mariage réponde aux motifs prévus par la loi. Ensuite, les époux doivent obtenir un jugement de divorce pour mettre fin officiellement à leur mariage. »
Le mariage au Québec (visité le 9 avril 2016)
Éducaloi.qc.ca
12 « La source étymologique bien arrangeante du mot "mariage" depuis le latin "matrimonium", bien que souvent citée est à écarter : "Mariage" vient de la source "mari" (le mâle) et non de "matri" (la mère). » Mariage
Etymologie Français latin grec Sanskrit (visité le 2 avril 2016)
13 « Dès les débuts de la Nouvelle-France, le mariage des soldats est considéré comme un bon moyen de favoriser la colonisation et les militaires sont encouragés à devenir " habitants " . » (p. 28)
Mariage et colonisation, Les soldats
La vie quotidienne en
Nouvelle-France (accédé le 2 avril 2016)
14 « C'est peu dire que la famille soit en crise. Le chamboulement de l'institution a jeté ses membres dans un profond désarroi qui nourrit une pathologie familiale dont les symptômes commencent seulement à poindre : violence conjugale, violence parentale, suicide, décrochage scolaire, abandon parental pur et simple, rajeunissement de la délinquance et du crime, etc. » (p. 198)
Daniel Dagenais, La fin de la famille moderne
Les Presses de l'Université Laval, 2000
16 « Il s’agit de justifier par la « nature » le modèle de conjugalité des humains imposé jusqu’ici par l’Église »
Frank Cézilly, La monogamie est-elle naturelle ? (visité le 10 avril 2016)
SciencesHumaines.com, 08/06/2011
17 « Mais, comme on le sait d’expérience, les humains ne sont pas ce qu’on pourrait appeler des modèles de fidélité conjugale… Bien que la plupart vivent en couples, les aventures extraconjugales se rencontrent fréquemment. Et sans certaines contraintes culturelles (on pense par exemple à la religion), peu de gens passent leur vie entière avec le ou la même partenaire. Ruptures et divorces rythment la monogamie humaine. Il serait donc plus juste de qualifier notre monogamie de « séquentielle », où plusieurs partenaires se succèdent habituellement au cours d’une vie humaine. »
Capsule outil: La monogamie humaine : causes et conséquences (accédé le 2 avril 2016)<br/> Bruno Dubuc,Université McGill
18 « Le service de la vie La famille, plus précisément l’union stable et durable d’un homme et d’une femme, apparaît comme le mode le plus efficace, le plus adapté, pour assurer la reproduction, le renouvellement des générations. »
Jean-Didier Lecaillon, La famille au coeur de la société. La femme au centre de la famille
Académie d’Education et d’Etudes Sociales, février 2002 (visité le 16 avril 2016)
19 « Nous allons inexorablement vers une humanité unisexe, sinon qu’une moitié aura des ovocytes et l’autre des spermatozoïdes, qu’ils mettront en commun pour faire naitre des enfants, seul ou à plusieurs, sans relation physique, et sans même que nul ne les porte. Sans même que nul ne les conçoive si on se laisse aller au vertige du clonage. »
Jacques Attali Vers l’humanité unisexe
slate.fr, 29.01.2013 (visité le 16 avril 2016)
20 « Il existe de solides bases étymologiques justifiant ce virage à propos de la définition de la matriarchie. La racine matri-, du latin mater, signifie la mère, l'origine, la source. Le suffixe -archie, dont on retrouve la trace à partir du mot grec arxi ou arche, réfère lui aussi à l'origine ou à la source. Le glossaire Lidell's Greek-English (1961:252) répertorie deux définitions pour arche, l'une reliée aux origines et l'autre au pouvoir politique. » (traduction libre)
Texte original : « There are etymoligical grounds for shifting the definition of matriarchy in this direction. The root matri-, from the Latin mater, means mother, nurse; origin, source. The -archy suffix, which can be traced to the Greek word arxi or arche, also refers to origin or source. Lidell's Greek-English lexicon (1961:252) lists two definitions for arche, one focusing on origins and the other on political power. » (p. 237)
Peggy Reeves Sanday, Women at the Center : Life in a Modern Matriarchy
Cornell University Press, 2003
21 « Toutes les personnes qui font des recherches sur ce thème ne donnent pas le même nom à cette forme de société, certain-e-s parlent de sociétés "matri- focales", d'autres de sociétés "matristiques" ou "matri-centrées" ou gylaniques. Elles/ils sont cependant d'accord sur un point : elles/ils font référence à la même forme de société qui ne présente pas de modèle patriarcal et qui se distingue par un niveau élevé de solidarité et de stabilité : Il s'agit donc d'une société en équilibre. » (p. 2)
Heide Goettner-Abendroth, La recherche moderne sur le matriarcat : Définitions, perspectives, actualité,
Matriarchiv.info, 2008(?)
22 « Il était évident, par exemple, que les Iroquois n’avaient pas créé « sans gouvernement » une confédération reposant sur des alliances dans quasiment tout le nord-est de l'Amérique du Nord. Mais ils l’avaient fait en développant un concept non-européen de gouvernement, dont Jefferson, Paine et Franklin étaient devenus les fervents observateurs. Ils cherchaient en effet à intégrer la loi de la nature et les droits naturels dans les schémas qu’ils développaient pour les États-Unis durant l’ère révolutionnaire. »
http://iipdigital.usembassy.gov/st/french/publication/2009/07/20090720165758wrybakcuh0.1488764.html Bruce E. Johansen, Les modèles amérindiens de gouvernement et la Constitution des États-Unis
Bureau des programmes d'information internationale du département d'État des États-Unis, 20 juillet 2009 (visité le 19 avril 2016)
23 « 44. The lineal descent of the people of the Five Nations shall run in the female line. Women shall be considered the progenitors of the Nation. They shall own the land and the soil. Men and women shall follow the status of the mother. »
The Constitution of the Iroquois Nations
24 « En combinant des sources documentaires, des données sur les éclipses solaires et l'histoire orale iroquoise, Mann et Fields confirme que la constitution iroquoise a été adopté par les Sénécas (la dernière des cinq nations à la ratifier) le 31 août 1142. [...] Cette date de l'année 1142 apr. J.-C. placerait la confédération iroquoise au même rang que le gouvernement d'Islande et les Cantons de Suisse à titre de plus anciennes démocraties ininterrompue au monde. » (traduction libre)
Texte original : « Using a combination of documentary sources, solar eclipse data, and Iroquois oral history, Mann and Fields assert that the Iroquois Confederacy's body of law was adopted by the Senecas (the last of the five nations to ratify it) August 31, 1142. their date of 1142 A.D. would rank the Iroquois Confederacy with the government of Iceland and the Swiss cantons as the oldest continuously functioning democracy on earth. »
Dating the Iroquois Confederacy
25 « Un des malentendus les plus graves à propos de la bonne conscience, est la présomption que l'égalité entre tous signifie que tous possèdent une quantité équivalente de sagesse et de talent. Et que donc tout le monde devrait posséder un pouvoir équivalent. Bien... disons que je n'ai jamais entendu une meilleure façon de mener à un désastre. [...] “Nous sommes tous pareils”. Voilà une idée qui vient du patriarcat. Chacun de nous possède plutôt une quantité limitée de sagesse et de talent. L'idée est donc de faire fonctionner tout ça ensemble. Personne ne pourra accomplir cela seul. (traduction libre)
Texte original : « One of the most damaging misunderstandings of good mindedness, is the assumption that because everyone is equal, Everyone possesses equal amounts of wisdom and talent. And therefore everybody should share equal amounts of power. Well... this is a prescription for disaster if I ever heard one. [...] Seen one seen them all. That's a patriarchal idea. Instead, everyone has a limited amount of wisdom and a limited amount of talent. And the idea is to make it all work together for the good of everybody. No one person is going to be able to this alone.» (à partir de 8min. 10 sec.)
Barbara Alice Mann, conférence
A (M)otherworld is Possible : Two Feminist Visions - Matriarchal Studies - The Gift Economy
October 23-25, 2009, York University, Toronto, Canada
26 « Les prix ont été remis dans le cadre d'un programme en l'honneur du 50ième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies, sous l'égide des Amis de l'O.N.U., une organisation non gouvernementale. Le programme a été réalisé sous les conseils d'un groupe international d'experts, co-présidée par Nita Barrow de la Barbade et par le Dr Pierre Marc Johnson du Canada. Le processus de sélection a été effectué par un comité formé à partir de ce groupe. Ces communautés ont été choisies parce que chacune présente des solutions positives et pratiques à des problèmes complexes et offre des leçons inspirantes aux autres communautés et à l'Organisation des Nations Unies. [...] Espérons que nous pourrons en tirer des leçons permettant d’inspirer des réformes réalisables. Et aux citoyens, de penser à de nouvelles façons de contribuer à la réussite de la mission de l'Organisation des Nations Unies, alors que nous entrons dans ce 21e siècle. » (traduction libre)
Texte original : « The Awards were part of a programme in honour of the 50th Anniversary of the United Nations undertaken by the Friends of the United Nations, a non-governmental organization. The programme was aided by the advice of an International Panel of Advisors, co-chaired by Dame Nita Barrow of Barbados and Dr. Pierre Marc Johnson of Canada. The selection process was guided by a committee drawn from the Panel. These communities were chosen because each one demonstrates positive and practical solutions to difficult problems and has inspiring lessons to offer to other communities and to the United Nations. [...] It is hoped that their lessons will inspire practical reform and rethinking about how citizens may help to achieve the mission of the United Nations as we enter the 21st Century. »
We the Peoples : 50 Communities Awards (accédé le 21 avril 2016)
27 « Pendant 2000 ans, les Moso ont conservé une société au sein de laquelle les femmes préservent l'intégrité et tiennent des rôles de leadership dans la communauté. 85% de la population vit encore selon la forme matrilinéaire de la famille, où les femmes sont chefs de famille, prennent soin des plus jeunes et des plus âgés, sont responsables de la lignée familiale et distribuent équitablement la richesse et les ressources. » (traduction libre)
Texte original : « For 2,000 years, the Mosuos have maintained a society in which women uphold the integrity and assume leadership roles in the community. 85% of the population are still living under matrilineal family structures where women are heads of households, care for the young and the old, carry the family lineage and distribute wealth and resources with equality. »
We the Peoples : 50 Communities Awards (accédé le 21 avril 2016)

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